Patrick Ravelomanantsoa, breakdancer : « se blesser, se relever… et foncer »

Patrick étudie à Antananarivo pour pouvoir exercer plus tard la profession de géomètre topographe. Mais au-dessus de tout, il veut se faire connaître mondialement en tant que breakdancer. Géomètre-topographe et breakdancer, ce n’est pas commun, mais n’est pas si insolite que cela, tout est dans le calcul et la précision.

Toamasina, sur l’avenue de l’Indépendance, vers 15 heures, Patrick, en vacances dans la ville où il a grandi, danse avec six autres Bboys et Bgirls. Les B sont les breakdancers.

« La danse c’est de l’art, du spectacle. Cela ne sert à rien de s’entraîner et d’enfermer sa représentation dans une pièce. Dehors, il y a des gens, il y a une bonne ambiance. Nous avons besoin d’interactions »

déclare Patrick.

Les spectateurs les plus craintifs imagineraient des cous, des bras et des jambes cassés en cas de retard de saut ou de changement de mouvement de la part des danseurs, mais Patrick, dit Bboy P.A parvient à des mouvements que nous ne pouvons pas imaginer humainement possibles à réaliser. Le breakdance de Bboy P.A, c’est de la danse de très haut niveau, des chorégraphies intenses, des mouvements rapides, cohérents et enchaînés à la perfection… Le tout, équivaut bien sûr au titre de champion de Madagascar de breakdance qu’il détient.

Breakdancer
Nous n’allons pas attendre que tout soit disponible pour commencer quelque chose.  
Photo : iAko Randrianarivelo

A défaut de matériel et d’appui, il n’y a qu’un choix : « être le meilleur »

Après avoir pratiqué plusieurs formes de danse pendant son enfance, Patrick Ravelomanantsoa décide en 2007 de s’orienter vers le breakdance. Patrick l’a choisi pour son côté spectaculaire (danse au sol et acrobatique) et pour la créativité qu’il exige. Il y est doué, sa performance évolue de jour en jour, les défis s’enchaînent et Patrick les relèvent un à un, surtout qu’il a le soutien inconditionnel de sa mère. Patrick et ses amis (plutôt, ses coéquipiers de danse) n’ont jamais eu toutes les protections nécessaires pour l’apprentissage et les entrainements. 

« Il faut trouver des endroits où nous pouvons glisser : un surface en carreaux céramiques ou installer des cartons. Le matériel de protection et le tatami coûtent chers, nous faisons avec ce que nous avons. Nous n’allons pas attendre que tout soit disponible pour commencer quelque chose. Nous ne commencerons jamais, nous n’évoluerons jamais si non… »

Les blessures et les entorses, Patrick s’en rappellent. De toute façon, sont-ils inséparables du breakdance ?

Patrick est exigeant envers lui-même, dépasser son actuelle performance pour être à la hauteur de ses ambitions est sa plus grande motivation. Le jeune homme est déterminé à se faire connaître sur la scène internationale « les breakdancers peuvent vivre de leur art. Partir à l’étranger est un issu. Remporter un titre international est dans mes objectifs. Réussir sur ce point ouvrirait des portes qui vont servir à développer une économie autour du breakdance et sa valorisation à Madagascar » conclut-il.