Nicky Aina : bloqué à l’étranger, en temps de pandémie de COVID19

Nicky Aina effectuait une mission professionnelle au Cameroun qui devait durer près d’un mois.

Photo: © Joël Litsé

Andry Malalan’Ny Aina Rakotondrazafy ou Nicky Aina de son nom de photographe a été bloqué pendant quatre mois et quelques semaines au Cameroun. Il est rentré à Madagascar depuis quelques jours et est actuellement en confinement

Indéniablement, l’expérience a été marquante, même pour quelqu’un qui a l’habitude de réaliser des missions professionnelles de longue durée. Ignorer quand il serait possible de retrouver les siens, ne pas savoir quand l’épidémie prendrait fin et savoir qu’épouse en enfants se retrouvent, sans s’y être préparés, éloignés du mari et du père en période difficile ; ont pesé lourds, psychologiquement chez ce photographe et biologiste.

Le voyage qui devait durer un mois s’est transformé en un séjour de quatre mois et demi

La mission de Nicky Aina au Cameroun devait durer près d’un mois. Même si ses activités à Yaoundé ont avancé plus rapidement que prévu, l’épidémie de COVID19 a évolué encore plus vite.

La mission consistait à former les professionnels d’une société photographique et à réaliser une prospection pour l’ouverture d’une école de photographie au Cameroun. «Tout est allé très vite. La demande d’autorisation pour entrer au Cameroun a été envoyée le 14 février et la direction à la sûreté nationale camerounaise l’a accordée le lundi 17 février. Le lendemain, j’étais dans l’avion qui m’a emmené à Yaoundé. La mission devait prendre fin le 21 mars » raconte Nicky Aina. Il a vécu au Cameroun de 2013 à 2015 et envisageait depuis longtemps d’y revenir pour effectuer un séjour. Cette mission professionnelle était donc une opportunité de faire le voyage tant désiré.

Alors que les activités de sa mission avancent sans problème, la situation de l’épidémie en France et en Afrique prend plus d’ampleur critique chaque jour. Nicky Aina et son épouse discutent de la nécessité de retourner au pays le plus rapidement possible. Son billet de retour était programmé pour le 21 mars. Mi-mars, ses collègues Camerounais se renseignent sur les vols pour que Nicky Aina puisse rentrer à Madagascar. Il prend par la suite le relai, étant informé de l’existence d’un vol le 17 mars et prenant connaissance de la déclaration du Président de la République malgache sur la fermeture des aéroports de Madagascar à partir du 19 mars. Aucune place n’est cependant disponible sur le vol du 17 mars. Il a alors confirmé pour que son voyage soit avancé au 18 mars, en étant sûr qu’il arriverait à Madagascar le jour même. Or à 18 heures, le 17 mars, on l’a informé que le gouvernement du Cameroun a décidé le jour même de fermer les aéroports aux vols commerciaux. Il se rend quand même à l’aéroport le jour où il devait prendre son vol, et se rend compte que l’aéroport est barricadé. Ainsi débute un séjour, quatre fois plus long que prévu.

Des moments difficiles loin de la famille

… des instants réconfortants auprès de la nature et des amis    

« Je me suis donc fait à l’idée que je dois rester quelques temps au Cameroun. Moi et ma femme pensions que la situation ne durerait pas. Pour moi, le problème ne provenait pas des mesures prises par le Cameroun car elles permettaient de savoir assez pour que la population puisse anticiper. Il était clair que les mesures prises privilégiaient l’économie et les Camerounais s’appliquaient beaucoup à respecter les gestes barrières. Pour Madagascar, c’était plus compliqué puisque rien ne laissait savoir comment les choses allaient se passer, par rapport aux mesures et à l’évolution de la situation». De Yaoundé, Nicky Aina apprend que la situation à Madagascar allait de mal en pis. Les jours et les semaines passent et l’éloignement commence à se sentir autant de son côté que de sa famille à Madagascar. « Comme je suis biologiste, il m’arrivait de partir pendant des mois et être loin de ma famille. Mais aucune de mes absences n’a duré aussi longtemps. Auparavant, ma mission pouvait durer jusqu’à huit mois, mais j’arrivais toujours à voir ma femme et mes enfants chaque mois. Ces quatre mois et demi au Cameroun étaient notre plus longue séparation » confie-t-il. Le stress s’installe et les crises émotionnelles se manifestaient du côté de son épouse et de ses enfants.

« Dans la gestion de ces crises, j’ai beaucoup appris de mon entourage. Ma fille aînée de 11 ans jouait un rôle très important puisqu’elle arrivait à calmer chaque membre de la famille. Elle est forte et très positive ». Du côté de Nicky Aina, à Yaoundé, de tels moments se calmaient par la photographie et des instants auprès de la nature.

Sur le plan matériel et financier, Nicky Aina n’a pas eu de difficultés. Depuis le début de son séjour, il a été hébergé par une famille, amie de longue date. Parallèlement à sa mission auprès de la société de photographie, il a pu travailler, mais l’argent qu’il gagnait ne permettait pas de tout prendre en charge. « Je suis reconnaissant envers Mamy Raboanarijaona et son fils, qui m’ont accueilli comme un frère et un fils. Je ne manquais de rien ».

La procédure de retour de Nicky Aina à Madagascar a d’ailleurs été enclenchée par un message envoyé par Mamy Raboanarijaona à la direction de la diaspora du ministère des affaires étrangères malgache.     

 

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